Le change

Avant lui, je ne levais jamais la tête. Je n’avais plus d’envie, je n’arrivais plus à m’intéresser aux choses. J’avais des amies, mais je ne sortais plus, je n’envoyais jamais de messages. J’étais seule. Je souriais, riais, mais ma tête était basse, je passai mon temps à regarder les pieds des gens, je ne voulais pas affronter leurs regards. J'avais peur d'eux. J'avais peur que ma douleurs se ressente rien qu’en voyant mes yeux imprégnés de tristesse. C’est la seule chose sur laquelle je ne pouvais pas donner le change.

Puis il est arrivé.

Une amie m’a dit "c'est bien, tu lève la tête grâce à lui, tu regarde plus le sol." et c'était vrai, je regardais les gens, je riais et souriais encore, j'avais l'impression que plus jamais je ne pourrais être malheureuse comme ça. L’impression d’être heureuse, sur un nuage. Et puis j’ai recommencer à sortir, à rire en étant vraiment amusée, à m’intéresser aux autres, aux choses que j’avais ratées, que je n’avais pas vue passer. Je vivais à nouveaux.

Puis il m’a laissée tomber.

C’était tellement prévisible. Il a eu peur à son tour. Mais je n’ai pas recommencé à regarder le sol, parce que mes amies ont été là, là pour me rattraper quand il m’avais lâcher en haut du puits duquel il m’avais sortie. Personne ne voulait me voir pleurer, je passais pour la fille forte. Celle qui se relève toujours et malgré tout. Je ne voulais pas les décevoir. Pas les perdre comme je l’avais déjà fait. Ils ne méritent pas de savoir la vérité.

Mais il me hante.

Alors je suis désolée si parfois je n’y arrive pas. Je veux dire si je n’arrive pas à donner le change et si je vous fais peur. « T’as pas besoin d’être heureuse pour qu’on t’aime »

Mais moi j’ai besoin de l’être.